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  • vendredi, février 15, 2008

    CASTEL BÉRANGER (#2)

    Chose promise, chose due...
    Depuis le temps que je devais faire cet article ! Encore fallait-il que toutes les conditions fussent réunies : un après-midi de libre, une météo idyllique, et surtout la présence dans leur appartement du castel Béranger de Mr & Mme S***, dont l'invitation courait depuis belle lurette...
    1) LE HALL D'ENTRÉE : Seule et unique partie vaguement visible de l'extérieur, cette entrée tout à fait étonnante fut conçue et réalisée par Alexandre Bigot (1862-1927), le fameux décorateur du Céramic Hôtel de l'avenue de Wagram :
    Plafond et mosaïques bien sûr typiquement Art Nouveau :
    Mais c'est tout de même cette étrange sensation de pénétrer à l'intérieur d'une grotte naturelle - voire fœtale - qui crée réellement la surprise ici (sans pour autant forcément rejoindre ceux qui voient dans les deux colonnes extérieures des représentations phalliques à peine déguisées) :
    2) LE VESTIBULE : "Per aspera ad astra", enfin parvient-on de nouveau à la lumière au pied du premier escalier, illuminé par des vitraux de Georges Néret, première vue au flash :
    Et sans flash :
    Le grand couloir du rez-de-chaussée, où l'on voit que tout comme Gustave Eiffel, Hector Guimard préférait utiliser les infrastructures elles-mêmes comme éléments décoratifs plutôt que de les masquer (bon, c'est aussi le parti-pris de Beaubourg, mais tout le monde n'est pas obligé d'avoir du génie, non plus !) :
    Couloir qui, incidemment, est le seul de l'immeuble non seulement à accepter la présence de paillassons, mais en plus à les exiger exactement calibrés à la taille voulue (et oui, habiter un monument classé n'offre pas que des avantages) :
    3) MODERNES CONCESSIONS : L'ascenseur, bien sûr, l'un des très rares éléments (avec les digicodes) rajoutés au cours du vingtième siècle :
    Mais qui a fort heureusement laissé intacte cette curiosité que l'on ne trouve que dans peu d'immeubles, de petits sièges situés à chaque demi-étage à l'intention des ascensionnistes fatigués (à noter que le tapis d'escalier, bien que récent, a été retissé d'après les cartons d'origine !) :
    Quant à cette petite loggia (elle aussi d'origine), sauriez-vous en deviner le rôle ?
    Et bien, il s'agit de l'une des toutes premières cabines téléphoniques intégrées à un immeuble parisien ! Et d'après Mr S***, dès que le téléphone sonnait, la concierge (dont la loge était située juste en face) se dépêchait de répondre, pour monter ensuite prévenir dans les étages l'un ou l'autre des locataires - le peintre Paul Signac, par exemple, ou Hector Guimard lui-même...
    4) LA COUR CENTRALE : Mais cette fois-ci vue de l'intérieur :
    Avec là-encore, plusieurs curiosités : la porte du second bâtiment, dans un style plus baroque que celle du bâtiment principal :
    L'ancien escalier de service (un véritable "puit de lumière" à la Horta), mais qui aujourd'hui n'abrite plus que les nombreux câblages nécessaires au confort moderne :
    Ainsi que la fontaine commune, qui semble évoquer quelque monstre de Giger (il n'est d'ailleurs pas impossible que le peintre suisse ait été, consciemment ou non, influencé par l'oeuvre de Guimard - cf. également le hall d'entrée, qui évoque l'une des scènes les plus connues d'Alien -, je viens d'ailleurs de vous faire en "bonus" un bref article sur ce sujet précis) :
    5) LES ESCALIERS : Là, je crois que j'ai un peu mélangé les deux bâtiments, mais peu importe, je crois... car non seulement les mosaïques restent très proches :
    Mais surtout, on y découvre dans les deux cas ces extraordinaires décors en briques de verre soufflé de Georges Falconnier (apparemment, une grande nouveauté à l'époque), qui pratiquement varient d'étage en étage en faisant alterner symétrie et asymétrie avec un sens absolu de la fantaisie et de la liberté :
    6) LES DÉTAILS QUI TUENT : Façon de parler... Encore qu'à moitié seulement, puisque j'ai été encore une fois stupéfait de la ressemblance frappante entre cette rampe d'escalier et la représentation par Giger des Aliens bondissants :
    Plus sérieusement : ce qui est assez hallucinant, dans ce castel, c'est de voir à quel point chaque détail, y compris le plus petit, a été pensé en relation avec l'ensemble (et là, on n'est pas très loin de l'optique wagnérienne du château de Neuschwanstein, où les robinets, les poignées de porte, etc... sont à l'imitation du cygne de Lohengrin) :
    Sans parler des poignées de fenêtres, qui sont d'authentiques moulures de la main de Guimard lui-même (car le Monsieur était paraît-il assez narcissique !) :
    7) ÉPILOGUE : Après un ultime tour au sixième étage (le dernier), histoire de jouir d'une petite vue plongeante :
    Petit goûter fort sympathique dans le trois pièces de mes hôtes (au champagne, tout de même... Enfin quoi, on n'est pas dans la banlieue nord, non plus !), appartement dont - intimité oblige - je ne vous dévoilerai que quelques aspects, juste afin de vous montrer à quel point la main de Guimard s'est immiscée partout dans l'immeuble :
    Superbe cheminée, n'est-ce pas ?
    En résumé, un très grand merci à mes hôtes du jour, donc, qu'avec leur autorisation j'aimerais bien citer nommément, mais je ne crois hélas pas que ce soit une si bonne idée... l'immeuble étant en permanence assailli de touristes de tous horizons, je pense qu'avec le vrai nom et l'adresse du bâtiment, Mr & Mme S*** seraient bons pour crouler sous des montagnes de courrier !

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    lundi, février 11, 2008

    CASTEL BÉRANGER (#1)

    L'un des chefs-d'œuvre de Guimard !
    Un article que j'aurais dû faire depuis bien longtemps, vu que mon lieu de travail habituel ne se situe pas "à proximité de", ni même "dans le voisinage de", mais carrément pile en face du fameux Castel Béranger d'Hector Guimard (1867-1942), le bâtiment qui l'a pour ainsi dire rendu célèbre du jour au lendemain, à l'âge de trente ans (1897-1898) :
    Il se trouve que règne en ce moment sur Paris un magnifique anticyclone, propice à créer les meilleures conditions possibles pour ce petit reportage sans prétention (qui porte la mention #1, pour la bonne et simple raison que je suis potentiellement invité depuis des lustres par deux habitants du castel en question, ce qui m'a également donné l'occasion de réaliser dans la foulée un très documenté #2 uniquement consacré à l'architecture intérieure, si possible encore plus délirante !) :
    Si cela vous tente, donc, l'immeuble en question est situé au numéro 14 de la rue Jean de la Fontaine, dans le seizième arrondissement (métro Ranelagh ou Jasmin, ou encore bus numéro 22 ou 52, arrêt Assomption-Radio France) :
    Bien que, comme mentionné, l'immeuble ait été très vite primé au premier concours de façades de la ville de Paris, il n'a jamais vraiment fait l'unanimité en son temps, à tel point que ses détracteurs (les mêmes qui qualifiaient l'Art nouveau de style "nouille") l'avaient presque immédiatement surnommé le "Castel dérangé" !
    Petit aperçu de la façade sud :
    Et de la très belle tourelle ouest :
    Quelques principes (entre autres) de l'Art nouveau : primo, montrer ostensiblement ce que l'on prend d'habitude un malin plaisir à cacher (en l'occurrence, l'énorme cheminée) :
    Secundo, l'asymétrie :
    Tertio : l'utilisation d'éléments empruntés à la nature, qu'il s'agisse de feuillages, d'arborescences, ou même d'animaux (dont les célèbres hippocampes !) :
    Finalement, quelque part, tout ceci n'est pas très loin du baroque (avec une certaine logique, on va dire, puisque Guimard, avant d'être inspiré par le belge Victor Horta, fut tout d'abord très influencé par les théories de Viollet-le-Duc, le fameux restaurateur de cathédrales).
    Baroque, là encore, la très célèbre porte d'entrée qui, tout en rappelant les fameuses stations de métro que Guimard réalisera bien plus tard, semble enchâssée entre deux colonnes d'arbres, avec leurs racines :
    Baroque encore, ce genre de petit détail complètement incongru, qui ne sert strictement à rien, sinon casser la symétrie de la façade (étrange, n'est-ce pas ?) :
    Petite précision au passage : je vous signale que toutes ces photos impromptues ont été faites avec un simple téléphone portable (bravo, Motorola KFZR !), et je commence même à me demander si elles ne sont pas carrément meilleures - ou tout au moins aussi bonnes - que celles que je peux faire avec mon petit numérique Samsung…
    Quelques petits liens pour poursuivre la visite, avec entre autres le castel Jassedé et l'hôtel Mezzara, tous deux également situés dans le seizième arrondissement (comme, du reste, la majorité des immeubles Guimard).
    Bonne promenade !

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